Situation socio-économique :

La crise économique et financière mondiale influe de façon négative sur les ménages sénégalais. La pauvreté galopante fait que les parents, préoccupés par la gestion du quotidien alimentaire de leur famille, ont tendance à négliger l’éducation de leurs enfants. A cause de cela, l’on note que la scolarisation des filles est traitée en parent pauvre sur presque toute l’étendue du territoire ; les non scolarisés qui représentent l’écrasante majorité des enfants, éprouvent des difficultés à trouver des structures d’accueil adéquates pour leur formation. Il en est de même pour ceux qui n’ont pas pu poursuivre leurs études et dont les parents sont démunis pour les mettre dans les institutions payantes.
Ainsi, des centaines, voire des milliers d’enfants, de jeunes adolescents et adolescentes sont de ce fait abandonnés à la rue où ils vivent, mangent et dorment, se livrent à de petits métiers, mais aussi souvent à la drogue, à la délinquance et à la prostitution. Parmi ces enfants, nous constatons une présence de plus en plus marquée de filles qui fuguent de leur famille « pour vivre dans la rue ».
Si le tourisme est l’un des secteurs les plus porteurs et qui apporte le plus de devises au Sénégal, il reste assurément le principal attrait pour ceux qui recherchent des moyens de survie. Malheureusement, parmi eux figure un nombre important d’enfants de la rue. De par leur situation économique, géographique et culturelle, les villes et quartiers ciblés par le Projet sont caractérisées par l’étendue de la pauvreté des ménages, l’échec scolaire des jeunes qui s’est érigé en règle et qui expose jeunes et adolescents aux plus grands risques de perversions morales, de violence et de délinquance sous toutes ses formes. Avec leur nombre sans cesse croissant, victimes de la société, ils sont exposés dans ces villes à toutes sortes de dangers tels que les rafles constantes de la police et l’emprisonnement, des bagarres parfois sanglantes imposées par les rivalités, la faim et les maladies, l’exploitation économique ou sexuelle, les viols et même parfois la mort.

Le problème :

Les lieux de prédilection des enfants sont le plus souvent la devanture des auberges, des centres et hôtels touristiques, les cafés, les bars et les dancings ou à certains endroits stratégiques des villes. Ils fréquentent également tout autre lieu susceptible de leur apporter un réconfort quelconque ou source de leurs menus larcins : les plages, les marchés, les gares ferroviaires, routières, le port ou l’aéroport.
En rupture familiale, ils vivent en bandes organisées dans la rue et se livrent à de petits métiers pour subsister, et très souvent à la mendicité, au vol, à la revente, à l’usage de drogues et à la prostitution. Ils sont constitués pour la plupart de garçons (à peu près 80%) âgés entre dix (10) et dix huit (18) ans et sont exposés aux dangers de toutes sortes dont les brimades, les violences et autres abus sexuels.
Dans la rue, les enfants subissent l’indifférence totale : isolement affectif, faible niveau d’éducation, absence de soins de santé, rafles constantes de la police, bagarres, blessures, maladie, faim, froid, prison, et même la mort.
Depuis quelques années, il est constaté dans la rue, la présence de plus en plus évidente de jeunes filles mineures particulièrement exposées à l’exploitation sexuelle et aux grossesses précoces et/ou non désirées. Elles sont les cibles privilégiées des pédophiles et de certains touristes sexuels.

Les Réponses au Problème :

L’Etat et les Organisations Internationales
Le Gouvernement du Sénégal a adopté en 1999 de nouvelles lois qui renforcent la protection des mineurs contre les violences et l’exploitation sexuelle. Il a également ratifié en Juin 2000 la Convention N° 182 du BIT sur les pires formes du travail des enfants.
Nombre de mesures et dispositions réglementaires existent au niveau de l’Etat pour éviter « l’exposition des enfants » aux dangers et tentations de la rue. C’est ainsi que certains départements ministériels sont chargés de s’occuper, chacun en ce qui le concerne, de la question de l’enfance, notamment de celle en danger moral. Ce sont :
– le Ministère de la Justice avec le Tribunal pour enfants, la Prison pour Mineurs au Fort B, la Direction de l’Education Surveillée et de la Protection Sociale (D.E.S.P.S) et tous ses démembrements comme l’AEMO, les Centres de Sauvegarde, …etc.
– le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale avec sa Direction de l’Action Sociale où on trouve une Division Sauvegarde de l’Enfance.

– le Ministère de la Famille et de la Petite Enfance avec le Projet de lutte contre les pires formes de travail des enfants dont le plan d’action de lutte contre les violences et les abus sexuels sur les enfants est en cours de validation.

Dans l’application de ses politiques en direction de l’enfance, l’Etat est appuyé par des Organisations Non Gouvernementales Internationales comme LES VILLAGES D’ENFANTS SOS, ENDA TIERS-MONDE, PLAN INTERNATIONAL, ATD QUART-MONDE mais aussi par des Institutions spécialisées des Nations Unies telles que le BIT, l’UNICEF, l’OMS, le PNUCID, l’UNESCO…etc.

Les Associations, les ONG locales et les Collectivités

Plusieurs actions non négligeables de prévention sont déjà menées par des associations de quartier comme les Associations Sportives et Culturelles (ASC). Les Collectivités Locales que sont les Municipalités et Communautés Rurales soutiennent quelquefois dans la limite de leurs moyens des initiatives allant dans le sens du renforcement de l’action préventive.
Au niveau des ONG locales, des activités d’assistance des enfants de la rue et la création de structures spécialisées destinées à l’accueil, l’écoute, l’accompagnement et la médiation parentale est un acquis important.

L’Analyse des Réponses :

La plupart des actions menées par l’Etat et les ONG restent très localisées et ne prennent pas suffisamment en compte la problématique de la protection des enfants contre les dangers de la rue et surtout contre l’exploitation sexuelle de la composante féminine ainsi que la nécessité de promouvoir leur réinsertion familiale ou professionnelle, prenant en compte leurs spécificités et leurs particularités. A cela s’ajoute la faiblesse des moyens humains et financiers dont disposent les structures pour pouvoir intervenir de manière efficace.

En dehors du Centre Polyvalent de Thiaroye de la Direction de l’Education Surveillée et de la Protection Sociale qui accueille des filles placées par le Juge pour Mineurs et du Centre Keur Yaakaaru Jigeen Yi, il y a un déficit criard de structures d’accueil pour les « filles de la rue », alors que cette composante est la cible la plus fragile et donc qui a le plus besoin de regards et de protection contre les différents dangers mentionnés.
«AFOD» se propose d’ouvrir dans chacune des six régions précitées, un Complexe Socio-éducatif comprenant :
A- Un INTERNAT d’une capacité de trois cent (300) enfants qui deviendra alors le socle sur lequel tous ces orphelins et nouveaux nés abandonnés ainsi que les enfants en errance puissent être sauvés et encadrés pour un avenir meilleur.
B- Une institution Scolaire permettant aux internés de poursuivre leur cursus scolaire dans des conditions optimales.
C- Des Ateliers de Formation aux Métiers (Artisanat, Menuiserie, métallurgie, Poterie, Electricité, Couture et Broderie) : Une mise en apprentissage professionnelle de certains jeunes disposés à être insérés dans un système de formation qualifiante doté d’une dynamique de reproduction interne de l’approche suivante:
Phase 1 : Identification des jeunes à mettre en apprentissage : Se lier par des relations contractuelles avec des maîtres artisans disposés à partager avec l’ONG le développement d’un curriculum de formation qualifiante des jeunes de la rue et autres enfants issus de milieux défavorisés.
Phase 2 : Implication des maîtres artisans dans la formation professionnelle des enfants : Faire former les enfants apprentis par des maîtres artisans identifiés parmi ceux qui adhèrent les mieux à l’esprit du projet : Affectation des enfants par lots compatibles à la capacité d’absorption de nos ateliers.
Phase 3 : Certification de la qualification professionnelle des apprentis et insertion professionnelle : Suivi accompagnement de l’apprentissage des enfants jusqu’à leur qualification attestée par leur propre Maitre mais également par la corporation. Pour cela, un pont sera établi entre nos ateliers-centres de formation et les chambres consulaires des métiers afin d’obtenir une notation régulière des enfants dans les grilles professionnelles du métier de leur choix. Cette approche permettra une certification finale de l’apprentissage le moment venu.
Une requête globale sera adressée aux différents partenaires techniques et financiers du Projet pour l’équipement adéquat en outils de travail des apprentis dont les aptitudes professionnelles auront été certifiées par le circuit de suivi-évaluation de leurs connaissances.
Phase 4 : Promotion de l’émergence de jeunes entrepreneurs qualifiés Les jeunes entrepreneurs issus de ce système de formation-insertion socioéconomique pourront être intégré dans l’équipe formateur des nouveaux apprentis désireux d’être intégrés dans ce processus de formation qualifiante.

Phase 5 : Organisation formelle du capital humain généré par le système Une chaîne de solidarité de ces professionnels sera formalisée et dotée d’un statut juridique. Ce qui facilitera aux membres d’accéder plus tard, de manière structurée et organisée aux marchés de maîtrise d’ouvrage de leur domaine d’intervention. Les membres s’attacherons à perpétuer leur contribution à la lutte contre la pauvreté par la protection sociale des enfants grâce à la formation professionnelle et morale de ces jeunes issus de milieux défavorisés.
C/ Un espace vert est réservé à initier également les jeunes aux techniques d’agriculture et d’élevage.
L’objectif du Programme d’Appui Pour la Réinsertion Sociale et Familiale des « Enfants de la Rue » est aussi d’une part, d’offrir à ces enfants un cadre d’écoute et d’accueil leur permettant de quitter les conditions de vie de la rue et d’autre part, de leur offrir des possibilités de réinsertion familiale, de scolarisation, de formation et d’initiation professionnelle.
Il serait erroné de penser que ces enfants de la rue ont totalement renié leur famille. En effet, malgré leur situation de rupture sociale, les enfants vivant dans la rue considèrent toujours la famille comme une référence et une valeur culturelle fondamentale. Tous souhaitent renouer avec leurs familles et recommandent que des actions soient menées en direction de leurs parents afin de faciliter leur retour au foyer. C’est pourquoi, ce Centre servira aussi de foyer d’accueil où certains enfants déserteurs pourront être hébergés dans l’attente d’une réconciliation familiale.
Les rencontres et écoutes ont permis d’identifier que 71% des cas de fugues sont dus aux sévices corporels exercés par les parents ou les tuteurs sur les enfants.

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